Déposez ici, en publiant un commentaire, vos critiques de films. Un film découvert en dvd ou à la télé, ou unfilm dans les salles en ce moment, partagez votre vision du travail du cinéaste.
Je tiens, avant de commencer ma critique, à préciser quelques points essentiels pour prendre du recul sur celle-ci : 1) Je ne connais pas le cinéma de Francis Ford Coppola. Honte à moi. Promis, je vais faire quelque chose à ce sujet. Bon, tout ça pour dire que je n'ai pas d'éléments de comparaison, contrairement à de nombreux critiques spécialisés. 2) Je n'ai découvert que récemment Stephen King, et j'aime assez. Rapport à l'esprit du film, je rebondis sur ça après. Voilà, ceci fait, je peux m'attaquer à la critique en elle-même... Vous l'aurez sans aucun doute déduit de cet avant-propos, le film que je suis allé voir au début des vacances dernières, c'est "Twixt", de Francis Ford Coppola. Pour introduire la bête, il s'agit ici d'un clone hybride de cinéma (et de littérature) de série B. Pourquoi hybride ? Simplement parce qu'il s'agit en fait plus de jouer sur cela que d'en faire quelque chose de sérieux, prenant ainsi un recul sur le genre (et sans doute même pour le réalisateur sur lui-même, et entre autres sur le succès de son Dracula...). Le synopsis : Hall Baltimore, écrivain fantastique de second rang (un "sous-Stephen King"), vient dédicacer son dernier roman dans une petite bourgade peu accueillante. Il y rencontre le shérif local, Bobby Lagrange, qui lui propose de co-écrire un roman, "L'exécution du Vampire", inspiré par de récents crimes locaux. Au bord du gouffre financier et malgré sa réticence à continuer dans le genre, Baltimore accepte après une étrange expérience onirique, dans laquelle il rencontre un étrange jeune fille, assiste à un crime passé, et finalement croise Edgar Allan Poe... La suite du film n'est qu'investigation mêlant réalité, phantasme et rêve, le tout d'une façon très proche d'un roman de série B... L'ensemble du film joue sur les clichés du genre, tant d'un point de vue esthétique (scènes en noir et blanc, sang rouge écarlate, jeunes gothiques stylisés et ténébreux...), d'un point de vue du scénario (personnages hantés par leur passé, "à la Stephen King", développement des seconds rôles locaux, histoire de vampire et messes noires "de l'autre côté du lac"...) ou encore d'un point de vue narratif (on voit Baltimore écrire, Allan Poe le conseiller, les rêves se mêler à la réalité, le tout comme un récit fantasmagorique d'une expérience qui se veut réelle, à la "Shining"...). Bref, Coppola joue avec le spectateur, et finalement son appréciation du film dépend principalement de sa prise au jeu : celui qui l'acceptera passera un très bon moment, tandis que celui refusant de s'y mêler détestera. Personnellement, j'ai beaucoup aimé cette façon de jouer avec le spectateur, mais aussi avec un genre et, pour Coppola, avec lui-même. L'atmosphère surfaite, l'esthétique parfois douteuse et le scénario pas si "en béton" que Baltimore le souhaiterait, autant d'éléments qui m'ont séduit. Alors non, ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais tout de même un bon film, et avant tout une expérience intéressante.
C'est François qui parle. Je désire publier ma critique du film Cosmopolis que j'ai visionné le samedi 26 mai 2012. Cosmopolis est le nouveau film de David Cronenberg. Pour ceux dont ce nom ne signifie rien, découvrez vite l'oeuvre de ce cinéaste fondamental qui compte pas mal de chef-d'oeuvres dont le visionnaire et terrifiant Vidéodrome(1983), la magnifique, l'émouvante et effrayante La mouche( 1986, classique que tout amateur de cinéma fantastique et de SF doit avoir vu au moins une fois),les glaçants Dead zone( 1983) et Faux Semblants( 1988) et d'autres très bons films comme A History of violence. Je ne vais pas vous faire la biographie de Cronenberg mais vous dire que c'est un maître du fantastique. Je commence: Eric Parker est un milliardaire jeune et playboy amateur de sexe. Un jour, il décide de traverser New York en limousine afin de se faire faire une coupe de cheveux. Mais au fur et à mesure de sa progression, il voit son empire s'écrouler, des émeutes éclater autour de lui. Paranoïak, il est convaincu que l'on veut l'assassiner. C'est le début d'une lent descente aux Enfers. Cosmopolis est un des rares films non-fantastiques de Cronenberg avec A History of violence et Les Promesses de l'ombre. Etant admirateur de Videodrome et de La Mouche, j'étais impatient de regarder le film. Je ne cache pas ma déception. Pourquoi? Voici: Cosmopolis est un bon film comportant aussi bien des qualités et des défauts. Concernant la réalisation, Cronenberg emploie une mise en scène dépouillé utilisant énormément les gros et moyens plans surtout lors des scènes de dialogues( nombreux, malheureusement et c'est bien le gros défaut car le film est très bavard ). Ce n'est pas lors de ces scènes que le découpage est intéressant. L'histoire se déroule en grande partie dans la Limousine de Parker qui représente son univers intérieur et ses seuls activités( travail et sexe). Le film est entièrement traité du point de vue du protagoniste et c'est bien sa principale qualité: le réalisateur nous place constamment à ses côtés, faisant ressortir la sensation d'étouffement et le plaçant ensuite en position de voyeur. Malgré un manque d'inventivité, Cronenberg nous prouve son sens du cadrage et de la composition, employant efficacement la figure du cercle et du carré pour traduire l'emprisonnement des personnages dans leurs obsession et leur folie. Les dialogues sont bons mais trop nombreux. La double énonciation se fait ressentir:on peut reprocher ce côté trop didactique et ce manque de confiance envers le spectateur. La lenteur du rythme accentue la descente aux Enfers bien que le film souffre d'un petit manque de fluidité... et d'émotions! La scène finale est très( excusez-moi) casse gueule mais Cronenberg ne tombe pas dans le cliché. Elle repose sur un duel verbale et une opposition classique, je ne vous dis pas laquelle. On retrouve les thèmes chers au cinéaste que sont la dérive vers la folie, l'obsession de la chair, l'automutilation, le rapport virtuel/réalité/être humain( certains passent au second plan). Quand à l'interprétation, Robert Pattinson est convaincant preuve qu'il peut passer à autre chose après Twilight. Pour résumer, Cosmopolis est un film intéressant, sympathique mais rempli de défauts. Un Cronenberg qui n'apportera pas une pierre à l'édifice de sa filmographie. Mieux avoir vu ses principales oeuvres pour mieux le comprendre. Cosmopolis est un regard métaphysique pas totalement abouti sur le monde capitaliste et les rapports qu'il peut entretenir. Pour ma part, je n'ai pas vraiment aimé mais bon c'est David Cronenberg quoi! Déception mais il y avait de quoi faire un chef-d'oeuvre labyrinthique.
Cela fait maintenant près de trois semaines que je suis allé voir "Dark Shadows", le dernier film du fabuleux Tim Burton, et il est maintenant temps de faire un retour sur celui-ci ; alors c'est parti pour la critique... Je ne vais pas présenter Burton, que ceux qui ne le connaissent pas aillent découvrir, ce ne sera pas du temps perdu ! En revanche, petite intro sur le film : "Dark Shadows" est à l'origine une série télévisée américaine un peu kitsch, et surtout à rallonge (1225 épisodes de 23 minutes, faîtes le compte...) de la seconde moitié des années 60. Burton, dans son jeune âge, appréciait la série, et il a donc décidé d'en faire une adaptation cinématographique... Pour le meilleur et pour le pire. Le synopsis est simple : après avoir tué sa fiancée, une sorcière jalouse transforme celui qu'elle aime en vampire, et l'enferme sous terre. 200 ans plus tard, il est finalement excavé, et découvre une Amérique en plein "Flower Power" tandis qu'il tente de redorer le blason de sa famille, qu'il retrouve dans un état proche de la déchéance... Il se trouve donc entouré d'une galerie de personnages fort sympathiques, dont l'introduction au début du film est un pur régal, mais que Burton ellipse malheureusement au profit d'un affrontement fade entre ce cher Barnabas Collins (Johnny Depp), vampire de son état, et son "amour vache", Angelique Boucher (Eva Green), sorcière teinte en blonde... Et c'est là que pour moi le film perd tout son intérêt : le scénario dévie vers une pseudo-comédie un peu lourde et pas très rythmée, répétitive et débouchant sur un final cliché à la Disney... Un intérêt annoncé du film est bien sur le cadre : petite ville de pêcheurs et Amérique des années 60. Mais l'esthétisme de la ville sonne faux, du fait d'effets spéciaux lourds et inutiles (à quoi bon ce ciel nuageux ?), les hippies sont parodiques et inexploités, et seul restent du contexte la bande-son, composée de morceaux d'époque, et Alice Cooper, qui fait son apparition dans le film, avec micro et musiciens (mais pas de python), dans une scène qui marque la rupture du film, et après laquelle il n'y a plus de réel intérêt. D'un point de vue visuel, le film est totalement déséquilibré, entre effets spéciaux donnant une touche gothique chiadée et cadrages bateaux pour comédie lourde. J'ai eu la désagréable impression que Burton n'a pas su fixer ses choix et ses intentions, et de ce fait le film m'a paru totalement instable... Et j'avoue avoir préféré la scène d'intro avec le train-jouet filmé dans des décors en carton que celle sur la falaise avec toute cette eau désespérément synthétique et ces mouvements de caméra "juste pour la 3D"... Au final, malgré un bon début et quelques bons éléments, on s'enfonce dans une comédie lourde qui s'affirme un peu mais pas trop, retapée aux effets spéciaux et à l'esthétisme parfois douteux, répétitive y compris dans le jeu des acteurs principaux... Si j'ai un conseil à vous donner, c'est d'aller (re)voir "Edward aux mains d'argent" à la place de ce film. Johnny Depp y joue mieux, et en plus il y a un vrai scénario et des décors en carton.
Histoire de rattraper la déception occasionnée par "Dark Shadows", j'ai été la semaine dernière voir un film qui, s'il passera sans doute plus inaperçu que le sus-nommé, a tout de même fait l'ouverture du festival de Cannes cette année ; je parle bien entendu de "Moonrise Kingdom" de Wes Anderson. En quelques mots, il s'agit d'une romance entre deux enfants de 12 ans sur une île anglaise. Il est scout kaki en camp, lui habite sur l'île. Tous deux sont jugés "anormaux" ou en tout cas "difficiles" par les adultes qui les ont à charge, et à qui ils vont très vite échapper. Se rejoignant pour une fugue à travers l'île, armé de leurs rêves et de leurs affaires, reflets de leur enfance mais aussi de leur personnalité marquée, ils apprennent à vivre par eux-mêmes et pour eux-mêmes tandis que les adultes et les autres scouts les recherchent. En parallèle à cela se déclenche la tempête du siècle, permettant l'apparition régulière du narrateur, tandis qu'il fait des relevés sur l'île. Le film est très rythmé, entre autres grâce à la narration que je viens de mentionner, reflet des qualités du réalisateur, qui ne sont plus à prouver sur ce point après le fantastique "Fantastic Mr Fox", autre conte dans lequel déjà se mêlaient humour, gravité, satire et réalité à travers la fantaisie. La formule est ici proche, avec ces enfants hors du monde que les adultes peinent à encadrer, eux-mêmes plongés dans leurs soucis et voyant à travers leur innocence la pureté qu'ils ont perdu, et l'espoir d'une idylle utopique. Le choix même des acteurs reflète le propos du film : les rôles principaux sont tenus par des enfants inconnus (par ailleurs très bons) tandis que les seconds-rôles de personnages impuissants sont incarnés par des acteurs connus et habituellement à l'avant (Bill Muray, Bruce Willis...), rompant avec le schéma habituel. D'un point de vue graphique, pas d'effets spéciaux chiadés ici, ce qui est faux est assumé, et participe à créer l'atmosphère fantaisiste du conte, tandis que le déluge final n'est que pure symbolique. Une symbolique omniprésente, à travers de nombreux objets anodins mais reflets des personnages, la bande-son également, marquant les événements de façon parfois tellement évidente qu'en ressort un grotesque volontaire, existant également à travers le jeu des acteurs. L'ensemble donne un film en décalage, mais en même temps très vrai au second degré, à la façon de "A Bord du Darjeeling Limited", enfantin et innocent dans la forme, mais cynique et grave dans le fond, bien que se mêlent toujours fantaisie et humour. En conclusion, si "Moonrise Kingdom" n'est pas non plus un chef-d’œuvre du cinéma moderne, il n'en demeure pas moins un excellent film, dans la continuité du travail de Wes Anderson, qui s'affirme comme un réalisateur à part et un conteur hors pair.
Avec d'autres élèves de l'Option nous sommes allés mercredi voir le dernier film de Ridley Scott, Prometheus. Ridley Scott a un panel inégal de réalisations, mais pour établir cette critique une seule importe : Alien. En effet, quoi qu'en ait dit le réalisateur, Prometheus est très clairement une "prequel" de la série qu'il a initiée. Mais pas que. Pour le synospis : en 2089, des scientifiques découvrent en regroupant des peintures et gravures d'anciennes civilisations que celles-ci portent toutes un même motif, et croient qu'elles indiquent un groupement de planètes dont viendraient les "créateurs" de l'humanité, afin d'inciter les humains à venir les rejoindre lorsqu'ils en seront capables. Une expédition à bord du vaisseau Prometheus est donc montée, embarquant un équipage hétéroclite (une capitaine distante, un androïde investi, un couple de scientifiques en quête d'une réponse existentielle, et une poignée de mercenaires). Et puis ils arrivent sur la planète. Et ce qu'ils découvrent dépasse l'entendement. Je ne dévoilerai rien de plus. Non pas que le suspens soit spectaculaire, puisqu'un des défauts du film est d'être un peu trop prévisible, et parfois trop insistant sur les conclusions des personnages que le spectateur aura déjà faites, et particulièrement ceux qui auront déjà vu Alien (l'original, pas forcément l'inégale série en découlant), qui très vite se retrouvent en terrain connu. Cependant on va plus loin que le simple déjà-vu. S'il est vrai que les connaisseurs d'Alien identifieront rapidement les caractéristiques des différentes menaces pesant sur les personnages, celles-ci diffèrent de l'original en ce sens qu'elles semblent être en constante évolution, et c'est dans cette mesure qu'il s'agit d'une "prequel" : on assiste à la genèse de l'Alien, sous toutes ses formes, mutant lors de cette confrontation à l'humain. D'autre part, la menace est plus insidieuse que dans le film original, ou n'importe laquelle de ses suites : elle prend différentes formes pour mieux surprendre les personnages, qui quant à eux font preuve d'un instinct de survie plus efficace que dans les autres films. De plus, comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas seulement Alien. Celui-ci n'est qu'un élément perturbateur, voire un leitmotiv de la progression des personnages dans leur quête de savoir, de pouvoir aussi, de foi surtout. Car là est la grande question dans Prometheus : quel sens à l'existence ? Pourquoi avons-nous été créés ? Si nous trouvons nos créateurs, qu'auront-ils à nous dire ? Cette question est portée par les personnages selon différents points de vue, de la scientifique croyante, qui "décide de croire" que les "architectes" de la race humaine les attendent, à l'androïde, mise en abîme de la question, puisque lui-même créé par les humains "parce qu'ils en étaient capables". Au-delà du scénario, simple mais efficace malgré certaines longueurs (et la fin, qui à trop en rajouter perd totalement en crédibilité et détruit une part du mythe Alien), le film est porté par de bons acteurs, et une réalisation très efficace. Les premières séquences du film, les fameuses "30 minutes de crédibilité", sont excellentes, et ce dès les premières images, hommage non dissimulé à "2001" de Kubrick. La suite reste très bonne, les effets spéciaux sont bien maîtrisés, bien que parfois un peu trop poussés, ce qui amène une certaine perte de crédibilité (surtout sur la fin). L'ambiance est bonne, la planète angoissante, les plans propres au possible. En conclusion, Prometheus est un film qui vaut le détour, plaisant à voir et assez bien rythmé malgré un suspens un peu faible et une fin peu crédible, qui à défaut de m'avoir effrayé m'a fait sourire de par le renouement avec le mythe Alien, et en même temps les différences instaurées.
C'est, parait-il, la fête du cinéma, mais également le retour des séances du dimanche matin au Caméo. Double raison donc pour aller voir le premier long-métrage de J. C. Chandor, j'ai nommé Margin Call. Alors Margin Call, c'est une histoire de traders, ces gens d'horizons différents qui jouent avec les chiffres sur leurs écrans d'ordinateur pour faire du chiffre, connaître l'ascension du pouvoir, et gagner toujours plus. Ce sont aussi ces gens sur qui repose le modèle économique actuel, y compris ses crises. C'est le début de l'une d'entre elles qui sert de fil conducteur du film, qui propose une immersion pendant un peu plus de vingt-quatre heures dans cet univers clinique et cynique. Dès les premières images, alors que la boîte "restructure" en licenciant 60% des employés, tout est clinique, calculé et immersif. Il en est de même durant la totalité du film. Les mouvements de caméra suivent le va-et-vient des personnages, les encercle tandis qu'ils s'enferment dans leur "jeu" de chiffres, les précède le temps de quelques travelling arrière tandis que l'on demande aux licenciés "d'aller de l'avant", c'est à dire, du point de vue adopté, dans le mur. Car c'est bien là que vont les personnages, d'après un jeune trader talentueux qui, se basant sur un dossier non achevé d'un prédécesseur "remercié", découvre que la situation de la boîte est désastreuse. Qu'à cela ne tienne, il découvrira bien vite, et le spectateur avec, que dans ce monde impitoyable, on trouve toujours une solution, tout en suivant une unique loi morale : ne pas perdre d'argent. Les omniprésents jeux de focale mettent en avant l'aspect multi-scalaire du problème, et les implications des actions de ces hommes et femmes, dont la plupart des dirigeants ne savent interpréter les chiffres sans l'aide de ceux qu'ils dirigent. A travers une galerie de personnages, confinés dans des espaces fermés (bureaux, salles de réunions ou voiture), ne trouvant d'air à respirer que sur les toits, ascension extrême présentant toujours le risque (la tentation ?) de sauter pour revenir en bas, le réalisateur nous mène en réelle immersion dans le monde de la finance, et pose les questions de l'éthique des actions financières, de la morale de ses acteurs, de leurs motivations également, très claires : faire plus d'argent, que ce soit à travers un jeune trader demandant sans cesse combien gagnent ses supérieurs ou un ancien qui continue contre lui-même parce qu'il a besoin de ce que l'entreprise peut lui payer. Les seuls qui touchent à peu près terre, ce sont ceux qui ont découvert le problème, l'un parce qu'il a été licencié, l'autre parce qu'il n'a pas encore goûté à la promotion. Au final, Margin Call est une vraie réussite, grâce à des plans cliniques et travaillés permettant l'immersion promise dans le monde de la finance, rendue complète par un scénario très réaliste et une galerie de personnages représentatifs d'un système et d'une société.
Je tiens, avant de commencer ma critique, à préciser quelques points essentiels pour prendre du recul sur celle-ci :
RépondreSupprimer1) Je ne connais pas le cinéma de Francis Ford Coppola. Honte à moi. Promis, je vais faire quelque chose à ce sujet. Bon, tout ça pour dire que je n'ai pas d'éléments de comparaison, contrairement à de nombreux critiques spécialisés.
2) Je n'ai découvert que récemment Stephen King, et j'aime assez. Rapport à l'esprit du film, je rebondis sur ça après.
Voilà, ceci fait, je peux m'attaquer à la critique en elle-même... Vous l'aurez sans aucun doute déduit de cet avant-propos, le film que je suis allé voir au début des vacances dernières, c'est "Twixt", de Francis Ford Coppola.
Pour introduire la bête, il s'agit ici d'un clone hybride de cinéma (et de littérature) de série B. Pourquoi hybride ? Simplement parce qu'il s'agit en fait plus de jouer sur cela que d'en faire quelque chose de sérieux, prenant ainsi un recul sur le genre (et sans doute même pour le réalisateur sur lui-même, et entre autres sur le succès de son Dracula...).
Le synopsis : Hall Baltimore, écrivain fantastique de second rang (un "sous-Stephen King"), vient dédicacer son dernier roman dans une petite bourgade peu accueillante. Il y rencontre le shérif local, Bobby Lagrange, qui lui propose de co-écrire un roman, "L'exécution du Vampire", inspiré par de récents crimes locaux. Au bord du gouffre financier et malgré sa réticence à continuer dans le genre, Baltimore accepte après une étrange expérience onirique, dans laquelle il rencontre un étrange jeune fille, assiste à un crime passé, et finalement croise Edgar Allan Poe...
La suite du film n'est qu'investigation mêlant réalité, phantasme et rêve, le tout d'une façon très proche d'un roman de série B...
L'ensemble du film joue sur les clichés du genre, tant d'un point de vue esthétique (scènes en noir et blanc, sang rouge écarlate, jeunes gothiques stylisés et ténébreux...), d'un point de vue du scénario (personnages hantés par leur passé, "à la Stephen King", développement des seconds rôles locaux, histoire de vampire et messes noires "de l'autre côté du lac"...) ou encore d'un point de vue narratif (on voit Baltimore écrire, Allan Poe le conseiller, les rêves se mêler à la réalité, le tout comme un récit fantasmagorique d'une expérience qui se veut réelle, à la "Shining"...).
Bref, Coppola joue avec le spectateur, et finalement son appréciation du film dépend principalement de sa prise au jeu : celui qui l'acceptera passera un très bon moment, tandis que celui refusant de s'y mêler détestera.
Personnellement, j'ai beaucoup aimé cette façon de jouer avec le spectateur, mais aussi avec un genre et, pour Coppola, avec lui-même. L'atmosphère surfaite, l'esthétique parfois douteuse et le scénario pas si "en béton" que Baltimore le souhaiterait, autant d'éléments qui m'ont séduit.
Alors non, ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais tout de même un bon film, et avant tout une expérience intéressante.
Paul.
Bonjour,
RépondreSupprimerC'est François qui parle.
Je désire publier ma critique du film Cosmopolis que j'ai visionné le samedi 26 mai 2012.
Cosmopolis est le nouveau film de David Cronenberg.
Pour ceux dont ce nom ne signifie rien, découvrez vite l'oeuvre de ce cinéaste fondamental qui compte pas mal de chef-d'oeuvres dont le visionnaire et terrifiant Vidéodrome(1983), la magnifique, l'émouvante et effrayante La mouche( 1986, classique que tout amateur de cinéma fantastique et de SF doit avoir vu au moins une fois),les glaçants Dead zone( 1983) et Faux Semblants( 1988) et d'autres très bons films comme A History of violence. Je ne vais pas vous faire la biographie de Cronenberg mais vous dire que c'est un maître du fantastique.
Je commence:
Eric Parker est un milliardaire jeune et playboy amateur de sexe. Un jour, il décide de traverser New York en limousine afin de se faire faire une coupe de cheveux. Mais au fur et à mesure de sa progression, il voit son empire s'écrouler, des émeutes éclater autour de lui. Paranoïak, il est convaincu que l'on veut l'assassiner. C'est le début d'une lent descente aux Enfers.
Cosmopolis est un des rares films non-fantastiques de Cronenberg avec A History of violence et Les Promesses de l'ombre.
Etant admirateur de Videodrome et de La Mouche, j'étais impatient de regarder le film. Je ne cache pas ma déception. Pourquoi? Voici:
Cosmopolis est un bon film comportant aussi bien des qualités et des défauts. Concernant la réalisation, Cronenberg emploie une mise en scène dépouillé utilisant énormément les gros et moyens plans surtout lors des scènes de dialogues( nombreux, malheureusement et c'est bien le gros défaut car le film est très bavard ). Ce n'est pas lors de ces scènes que le découpage est intéressant. L'histoire se déroule en grande partie dans la Limousine de Parker qui représente son univers intérieur et ses seuls activités( travail et sexe). Le film est entièrement traité du point de vue du protagoniste et c'est bien sa principale qualité: le réalisateur nous place constamment à ses côtés, faisant ressortir la sensation d'étouffement et le plaçant ensuite en position de voyeur. Malgré un manque d'inventivité, Cronenberg nous prouve son sens du cadrage et de la composition, employant efficacement la figure du cercle et du carré pour traduire l'emprisonnement des personnages dans leurs obsession et leur folie.
Les dialogues sont bons mais trop nombreux. La double énonciation se fait ressentir:on peut reprocher ce côté trop didactique et ce manque de confiance envers le spectateur. La lenteur du rythme accentue la descente aux Enfers bien que le film souffre d'un petit manque de fluidité... et d'émotions!
La scène finale est très( excusez-moi) casse gueule mais Cronenberg ne tombe pas dans le cliché. Elle repose sur un duel verbale et une opposition classique, je ne vous dis pas laquelle.
On retrouve les thèmes chers au cinéaste que sont la dérive vers la folie, l'obsession de la chair, l'automutilation, le rapport virtuel/réalité/être humain( certains passent au second plan).
Quand à l'interprétation, Robert Pattinson est convaincant preuve qu'il peut passer à autre chose après Twilight.
Pour résumer, Cosmopolis est un film intéressant, sympathique mais rempli de défauts. Un Cronenberg qui n'apportera pas une pierre à l'édifice de sa filmographie. Mieux avoir vu ses principales oeuvres pour mieux le comprendre.
Cosmopolis est un regard métaphysique pas totalement abouti sur le monde capitaliste et les rapports qu'il peut entretenir.
Pour ma part, je n'ai pas vraiment aimé mais bon c'est David Cronenberg quoi!
Déception mais il y avait de quoi faire un chef-d'oeuvre labyrinthique.
Cela fait maintenant près de trois semaines que je suis allé voir "Dark Shadows", le dernier film du fabuleux Tim Burton, et il est maintenant temps de faire un retour sur celui-ci ; alors c'est parti pour la critique...
RépondreSupprimerJe ne vais pas présenter Burton, que ceux qui ne le connaissent pas aillent découvrir, ce ne sera pas du temps perdu !
En revanche, petite intro sur le film : "Dark Shadows" est à l'origine une série télévisée américaine un peu kitsch, et surtout à rallonge (1225 épisodes de 23 minutes, faîtes le compte...) de la seconde moitié des années 60. Burton, dans son jeune âge, appréciait la série, et il a donc décidé d'en faire une adaptation cinématographique... Pour le meilleur et pour le pire.
Le synopsis est simple : après avoir tué sa fiancée, une sorcière jalouse transforme celui qu'elle aime en vampire, et l'enferme sous terre. 200 ans plus tard, il est finalement excavé, et découvre une Amérique en plein "Flower Power" tandis qu'il tente de redorer le blason de sa famille, qu'il retrouve dans un état proche de la déchéance...
Il se trouve donc entouré d'une galerie de personnages fort sympathiques, dont l'introduction au début du film est un pur régal, mais que Burton ellipse malheureusement au profit d'un affrontement fade entre ce cher Barnabas Collins (Johnny Depp), vampire de son état, et son "amour vache", Angelique Boucher (Eva Green), sorcière teinte en blonde...
Et c'est là que pour moi le film perd tout son intérêt : le scénario dévie vers une pseudo-comédie un peu lourde et pas très rythmée, répétitive et débouchant sur un final cliché à la Disney...
Un intérêt annoncé du film est bien sur le cadre : petite ville de pêcheurs et Amérique des années 60. Mais l'esthétisme de la ville sonne faux, du fait d'effets spéciaux lourds et inutiles (à quoi bon ce ciel nuageux ?), les hippies sont parodiques et inexploités, et seul restent du contexte la bande-son, composée de morceaux d'époque, et Alice Cooper, qui fait son apparition dans le film, avec micro et musiciens (mais pas de python), dans une scène qui marque la rupture du film, et après laquelle il n'y a plus de réel intérêt.
D'un point de vue visuel, le film est totalement déséquilibré, entre effets spéciaux donnant une touche gothique chiadée et cadrages bateaux pour comédie lourde. J'ai eu la désagréable impression que Burton n'a pas su fixer ses choix et ses intentions, et de ce fait le film m'a paru totalement instable... Et j'avoue avoir préféré la scène d'intro avec le train-jouet filmé dans des décors en carton que celle sur la falaise avec toute cette eau désespérément synthétique et ces mouvements de caméra "juste pour la 3D"...
Au final, malgré un bon début et quelques bons éléments, on s'enfonce dans une comédie lourde qui s'affirme un peu mais pas trop, retapée aux effets spéciaux et à l'esthétisme parfois douteux, répétitive y compris dans le jeu des acteurs principaux...
Si j'ai un conseil à vous donner, c'est d'aller (re)voir "Edward aux mains d'argent" à la place de ce film. Johnny Depp y joue mieux, et en plus il y a un vrai scénario et des décors en carton.
Paul.
Histoire de rattraper la déception occasionnée par "Dark Shadows", j'ai été la semaine dernière voir un film qui, s'il passera sans doute plus inaperçu que le sus-nommé, a tout de même fait l'ouverture du festival de Cannes cette année ; je parle bien entendu de "Moonrise Kingdom" de Wes Anderson.
RépondreSupprimerEn quelques mots, il s'agit d'une romance entre deux enfants de 12 ans sur une île anglaise. Il est scout kaki en camp, lui habite sur l'île. Tous deux sont jugés "anormaux" ou en tout cas "difficiles" par les adultes qui les ont à charge, et à qui ils vont très vite échapper.
Se rejoignant pour une fugue à travers l'île, armé de leurs rêves et de leurs affaires, reflets de leur enfance mais aussi de leur personnalité marquée, ils apprennent à vivre par eux-mêmes et pour eux-mêmes tandis que les adultes et les autres scouts les recherchent. En parallèle à cela se déclenche la tempête du siècle, permettant l'apparition régulière du narrateur, tandis qu'il fait des relevés sur l'île.
Le film est très rythmé, entre autres grâce à la narration que je viens de mentionner, reflet des qualités du réalisateur, qui ne sont plus à prouver sur ce point après le fantastique "Fantastic Mr Fox", autre conte dans lequel déjà se mêlaient humour, gravité, satire et réalité à travers la fantaisie.
La formule est ici proche, avec ces enfants hors du monde que les adultes peinent à encadrer, eux-mêmes plongés dans leurs soucis et voyant à travers leur innocence la pureté qu'ils ont perdu, et l'espoir d'une idylle utopique. Le choix même des acteurs reflète le propos du film : les rôles principaux sont tenus par des enfants inconnus (par ailleurs très bons) tandis que les seconds-rôles de personnages impuissants sont incarnés par des acteurs connus et habituellement à l'avant (Bill Muray, Bruce Willis...), rompant avec le schéma habituel.
D'un point de vue graphique, pas d'effets spéciaux chiadés ici, ce qui est faux est assumé, et participe à créer l'atmosphère fantaisiste du conte, tandis que le déluge final n'est que pure symbolique. Une symbolique omniprésente, à travers de nombreux objets anodins mais reflets des personnages, la bande-son également, marquant les événements de façon parfois tellement évidente qu'en ressort un grotesque volontaire, existant également à travers le jeu des acteurs.
L'ensemble donne un film en décalage, mais en même temps très vrai au second degré, à la façon de "A Bord du Darjeeling Limited", enfantin et innocent dans la forme, mais cynique et grave dans le fond, bien que se mêlent toujours fantaisie et humour.
En conclusion, si "Moonrise Kingdom" n'est pas non plus un chef-d’œuvre du cinéma moderne, il n'en demeure pas moins un excellent film, dans la continuité du travail de Wes Anderson, qui s'affirme comme un réalisateur à part et un conteur hors pair.
Paul.
Avec d'autres élèves de l'Option nous sommes allés mercredi voir le dernier film de Ridley Scott, Prometheus.
RépondreSupprimerRidley Scott a un panel inégal de réalisations, mais pour établir cette critique une seule importe : Alien. En effet, quoi qu'en ait dit le réalisateur, Prometheus est très clairement une "prequel" de la série qu'il a initiée. Mais pas que.
Pour le synospis : en 2089, des scientifiques découvrent en regroupant des peintures et gravures d'anciennes civilisations que celles-ci portent toutes un même motif, et croient qu'elles indiquent un groupement de planètes dont viendraient les "créateurs" de l'humanité, afin d'inciter les humains à venir les rejoindre lorsqu'ils en seront capables. Une expédition à bord du vaisseau Prometheus est donc montée, embarquant un équipage hétéroclite (une capitaine distante, un androïde investi, un couple de scientifiques en quête d'une réponse existentielle, et une poignée de mercenaires). Et puis ils arrivent sur la planète. Et ce qu'ils découvrent dépasse l'entendement.
Je ne dévoilerai rien de plus. Non pas que le suspens soit spectaculaire, puisqu'un des défauts du film est d'être un peu trop prévisible, et parfois trop insistant sur les conclusions des personnages que le spectateur aura déjà faites, et particulièrement ceux qui auront déjà vu Alien (l'original, pas forcément l'inégale série en découlant), qui très vite se retrouvent en terrain connu.
Cependant on va plus loin que le simple déjà-vu. S'il est vrai que les connaisseurs d'Alien identifieront rapidement les caractéristiques des différentes menaces pesant sur les personnages, celles-ci diffèrent de l'original en ce sens qu'elles semblent être en constante évolution, et c'est dans cette mesure qu'il s'agit d'une "prequel" : on assiste à la genèse de l'Alien, sous toutes ses formes, mutant lors de cette confrontation à l'humain. D'autre part, la menace est plus insidieuse que dans le film original, ou n'importe laquelle de ses suites : elle prend différentes formes pour mieux surprendre les personnages, qui quant à eux font preuve d'un instinct de survie plus efficace que dans les autres films.
De plus, comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas seulement Alien. Celui-ci n'est qu'un élément perturbateur, voire un leitmotiv de la progression des personnages dans leur quête de savoir, de pouvoir aussi, de foi surtout. Car là est la grande question dans Prometheus : quel sens à l'existence ? Pourquoi avons-nous été créés ? Si nous trouvons nos créateurs, qu'auront-ils à nous dire ?
Cette question est portée par les personnages selon différents points de vue, de la scientifique croyante, qui "décide de croire" que les "architectes" de la race humaine les attendent, à l'androïde, mise en abîme de la question, puisque lui-même créé par les humains "parce qu'ils en étaient capables".
Au-delà du scénario, simple mais efficace malgré certaines longueurs (et la fin, qui à trop en rajouter perd totalement en crédibilité et détruit une part du mythe Alien), le film est porté par de bons acteurs, et une réalisation très efficace.
Les premières séquences du film, les fameuses "30 minutes de crédibilité", sont excellentes, et ce dès les premières images, hommage non dissimulé à "2001" de Kubrick. La suite reste très bonne, les effets spéciaux sont bien maîtrisés, bien que parfois un peu trop poussés, ce qui amène une certaine perte de crédibilité (surtout sur la fin). L'ambiance est bonne, la planète angoissante, les plans propres au possible.
En conclusion, Prometheus est un film qui vaut le détour, plaisant à voir et assez bien rythmé malgré un suspens un peu faible et une fin peu crédible, qui à défaut de m'avoir effrayé m'a fait sourire de par le renouement avec le mythe Alien, et en même temps les différences instaurées.
Paul.
C'est, parait-il, la fête du cinéma, mais également le retour des séances du dimanche matin au Caméo.
RépondreSupprimerDouble raison donc pour aller voir le premier long-métrage de J. C. Chandor, j'ai nommé Margin Call.
Alors Margin Call, c'est une histoire de traders, ces gens d'horizons différents qui jouent avec les chiffres sur leurs écrans d'ordinateur pour faire du chiffre, connaître l'ascension du pouvoir, et gagner toujours plus. Ce sont aussi ces gens sur qui repose le modèle économique actuel, y compris ses crises. C'est le début de l'une d'entre elles qui sert de fil conducteur du film, qui propose une immersion pendant un peu plus de vingt-quatre heures dans cet univers clinique et cynique.
Dès les premières images, alors que la boîte "restructure" en licenciant 60% des employés, tout est clinique, calculé et immersif. Il en est de même durant la totalité du film. Les mouvements de caméra suivent le va-et-vient des personnages, les encercle tandis qu'ils s'enferment dans leur "jeu" de chiffres, les précède le temps de quelques travelling arrière tandis que l'on demande aux licenciés "d'aller de l'avant", c'est à dire, du point de vue adopté, dans le mur.
Car c'est bien là que vont les personnages, d'après un jeune trader talentueux qui, se basant sur un dossier non achevé d'un prédécesseur "remercié", découvre que la situation de la boîte est désastreuse.
Qu'à cela ne tienne, il découvrira bien vite, et le spectateur avec, que dans ce monde impitoyable, on trouve toujours une solution, tout en suivant une unique loi morale : ne pas perdre d'argent.
Les omniprésents jeux de focale mettent en avant l'aspect multi-scalaire du problème, et les implications des actions de ces hommes et femmes, dont la plupart des dirigeants ne savent interpréter les chiffres sans l'aide de ceux qu'ils dirigent.
A travers une galerie de personnages, confinés dans des espaces fermés (bureaux, salles de réunions ou voiture), ne trouvant d'air à respirer que sur les toits, ascension extrême présentant toujours le risque (la tentation ?) de sauter pour revenir en bas, le réalisateur nous mène en réelle immersion dans le monde de la finance, et pose les questions de l'éthique des actions financières, de la morale de ses acteurs, de leurs motivations également, très claires : faire plus d'argent, que ce soit à travers un jeune trader demandant sans cesse combien gagnent ses supérieurs ou un ancien qui continue contre lui-même parce qu'il a besoin de ce que l'entreprise peut lui payer. Les seuls qui touchent à peu près terre, ce sont ceux qui ont découvert le problème, l'un parce qu'il a été licencié, l'autre parce qu'il n'a pas encore goûté à la promotion.
Au final, Margin Call est une vraie réussite, grâce à des plans cliniques et travaillés permettant l'immersion promise dans le monde de la finance, rendue complète par un scénario très réaliste et une galerie de personnages représentatifs d'un système et d'une société.